Soeurs

Ses textes, publiés aux Solitaires intempestifs, sont portés par une énergie qui fuse du corps même des comédiens pour lesquels ils sont écrits : ici, Audrey Bonnet et Marina Hands, sœurs ennemies du spectacle Actrice (2018), duo électrique dont le magnétisme puissant s’est mué pour Pascal Rambert en la nécessité d’écrire pour elles une nouvelle pièce. Sœurs (Marina & Audrey), comme l’ensemble de l’œuvre de Pascal Rambert, relève d’un théâtre de la présence, une présence intime qui irradie, une présence physique qui se consume et s’effondre, sans retenue et sans fard. Sous la violence des mots qui déchirent et qui cinglent bouillonne aussi l’amour, passion inaltérable qui unit deux sœurs que tout oppose, rassemblées par la mort de leur mère. Reproche, insulte, jugement, cris d’amour, les mots se coulent dans une oralité pleine dont la substance est la voix et le souffle des comédiennes. Plus qu’une pièce sur la famille, Sœurs est un face-à-face immémoriel de forces antagonistes, un affrontement paroxystique de deux figures féminines dans un dénuement total. Elle est aussi un champ de bataille dramatique offert à la souveraineté de deux actrices à la fois puissantes et ultrasensibles, sublimes.
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