Capharnaüm, poème théâtral

Ni fouillis indistinct ni bazar négligé de chambre d’ado, le Capharnaüm de la compagnie Désirades se veut une ode aux disparus, un dernier poème scandé avec sa voix, son corps et ses tripes à ceux partis trop tôt. Valérian Guillaume, auteur, metteur en scène et pratiquant la ventriloquie, ouvre ainsi son chant sur un monologue entêtant et improvisé, auquel il superpose des mots tapés frénétiquement sur un clavier, projetés sur écran. Dans un subtil jeu de sons, de lumière et de faux-semblants, le décor aride laisse la place à un amas d’objets abandonnés ici-bas, qui à leur tour se transforment en êtres mystérieux. Ces silhouettes inquiétantes prennent vie et se mettent à exécuter une chorégraphie syncopée, inspirée de différentes cultures. Des dessins tracés en direct donnent une nouvelle couleur à l’ensemble, tandis que la partition musicale absorbe les bruits ambiants et le souffle des acteurs. Ce tourbillon de mots, de gestes, de lignes et de sons créés sur le plateau est une expérience puissante, funèbre mais ardente, capable de hanter, longtemps après le baisser de rideau, l’esprit des vivants.