Exposition temporaire : Elmgreen & Dragset. Bonne chance (Centre Pompidou-Metz)

Exposition temporaire : Elmgreen & Dragset. Bonne chance

Duo star de la scène internationale, les artistes scandinaves Elmgreen & Dragset investissent en majesté le forum, la grande nef et le toit de la galerie 1, avec une exposition à la fois monumentale et déroutante intitulée Bonne Chance. Au programme de cette vaste exposition sous le commissariat de Chiara Parisi : une transformation radicale de la Grande Nef, du Forum et des toits des Galeries pour en faire plusieurs environnements artificiels et globaux. C’est d’ailleurs la première fois que le musée consacre l’immense espace de la Grande Nef à une exposition monographique.

Chargement des représentations...

Description

Elmgreen & Dragset, qui collaborent depuis 1995, ont redéfini le « format d’exposition » en concevant des architectures temporaires et des modèles grandeur nature d’espaces publics et privés. Plutôt que de considérer leurs œuvres d’art comme une collection d’objets statiques dans un espace neutre, les artistes voient chaque œuvre individuelle comme le segment d’une histoire plus vaste, qui renaît chaque fois qu’elle est exposée dans un contexte différent.

Ainsi le duo réunit des sculptures existantes et nouvelles dans une constellation spécifique in situ, amorçant de nouveaux récits. Souvent réalistes, ces installations reproduiront des environnements urbains courants que la plupart d’entre nous rencontrent régulièrement au quotidien, mais rarement dans un contexte muséal. Dans ces environnements de désolation, des personnages en silicone très réalistes, effectuant diverses activités, sont parfois présents. En déambulant dans l’espace, les visiteurs sont invités à rassembler des indices et à imaginer ce qui a pu ou est sur le point de se passer. De cette manière, le public devient lui-même acteur, tel un détective, un invité indésirable ou un intrus. En complément des installations dans les galeries, des performances interviendront ponctuellement le week-end, tout particulièrement au moment de l’ouverture et au mois d’octobre. Avec le pathos et l’humour subversif qui caractérisent les artistes, Bonne Chance présentera un monde à la fois familier et inquiétant, où l’ordinaire est réinventé pour devenir extraordinaire.

Dès le début de l’exposition, Elmgreen & Dragset bouleversent nos repères spatio-temporels dans une expérience des plus déroutantes. En plein cœur du Forum, les voilà qui érigent un immeuble d’appartements grandeur nature The One & the Many, sculpture inattendue qui altère l’expérience habituelle de l’architecture de Shigeru Ban et Jean de Gastines. Les artistes considèrent que chaque espace, comme chez Dr Jekyll et Mr Hyde, possède un alter ego caché qu’ils espèrent révéler par une modification ou un déplaçement. The One & the Many est un immeuble de logements sociaux est-allemand, un « plattenbau », comme on en trouve beaucoup à Berlin. Les visiteurs ne peuvent voir les appartements que de l’extérieur, toutes les fenêtres étant couvertes par des stores ou des rideaux. S’ils essaient de sonner à la porte, personne ne viendra leur ouvrir. Dans un vieux break Mercedes garé à l’extérieur du bâtiment, les silhouettes réalistes de deux hommes s’enlacent dans le coffre, entourées de matériaux laissant penser qu’il pourrait s’agir de manipulateurs d’œuvres d’art The Outsiders. Cette œuvre met en évidence un travail réalisé en coulisses, que le spectacle social ne dévoile pas.

Dans la Grande Nef, la frontière entre fictif et réel s’estompe d’avantage. Ici, Elmgreen & Dragset disposent les éléments comme dans un jeu vidéo où le joueur doit naviguer dans un espace labyrinthique, sans jamais savoir ce que réserve le tour suivant. L’exposition est constellée de scènes de la vie quotidienne, avec notamment une salle de théâtre, des toilettes publiques, un laboratoire, une salle de conférence, une morgue, une salle de surveillance et un bureau déserté. Comme dans un rêve (ou un cauchemar ?), des situations ordinaires suivent une logique incohérente où les règles n’ont plus cours. Dans une familiarité presque troublante, ces situations engendrent un sentiment d’inconfort et de malaise. L’étrangeté s’intensifie au fur et à mesure que le spectateur rencontre des personnages loufoques, tels un jeune homme endormi sur la table de la salle de conférence, vêtu d’un costume de lapin, ou un funambule qui a glissé et s’accroche à son fil d’une seule main.

Avec Bonne Chance, Elmgreen & Dragset invitent le spectateur à prendre part à différentes expériences tout en refusant sa pleine participation. Deux portes de la salle de conférence sont verrouillées par une longue chaîne de sécurité, ce qui rend leur fonction totalement inutile Powerless Structures. Dans la salle de bain, le visiteur peut essayer de se laver les mains, mais les tuyaux du lavabo sont joints et ne s’écoulent pas correctement Marriage. Même la roue de la Fortune ne portera pas chance, car sous sa surface polie comme un miroir, dépourvue de chiffres, elle ne s’arrête jamais de tourner Wheel of Fortune. De nombreuses pièces semblent hantées par une vie communautaire éteinte, ce qui donne l’impression que la défaite et l’exclusion font partie intégrante de ces espaces. Le spectateur peut tenter sa chance ou prendre un raccourci, mais dans le labyrinthe d’Elmgreen & Dragset, le jeu est une peine fondamentalement perdue, sans but précis. En exagérant le familier, en jouant avec le paradoxe, en poussant l’inutile à l’extrême et surtout, en amplifiant l’absurde, Elmgreen & Dragset révèlent l’impuissance de ces structures spatiales. À travers un prisme artistique, il devient clair que l’espace, institutionnel ou intégré à la vie quotidienne, n’est en rien un jeu individualiste basé sur le gain ou la perte, prédéterminé par des systèmes mécaniques de contrôle. Or, les artistes insistent sur le fait que « ces structures,contrairement à celles d’un jeu vidéo, peuvent toujours changer ou être interchangées. Dans une société, tant que nous acceptons les structures qui soutiennent le pouvoir, le pouvoir reste tel qu’il est ». Dans une lueur d’espoir, Bonne Chance démontre que ce n’est pas une question de chance mais plutôt une question de choix.

Elmgreen & Dragset, What's Left?, 2021

Ce billet vous donne accès à toutes les expositions présentées le jour de votre visite. 

Artiste(s)

  • Elmgreen
  • Dragset

Lieu

Centre Pompidou-Metz
1 Parvis des Droits de l'Homme
57000 Metz
Horaires d'ouverture :
Du 1er avril au 31 octobre : ouvert lundi, mercredi, jeudi de 10h à 18h, et le vendredi, samedi et dimanche de 10h à 19h - fermé le mardi
Du 1er novembre au 31 mars :  ouvert lundi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche de 10h à 18h - fermé le mardi


Comment venir :
-
À pied à 2 min de la gare TGV de Metz Ville, à 10 min du centre historique.
- LE MET'
METTIS A et B, station Centre Pompidou Metz - un METTIS toutes les 5 minutes sur le tronc commun.
LIGNE 5, Arrêt Centre Pompidou-Metz
N83 CITY, Arrêt Centre Pompidou-Metz - un N83 CITY toutes les 12 minutes.
- En voiture
Autoroutes A4 (Paris / Strasbourg) et A31 (Luxembourg / Lyon), sortie Metz Centre. Un parc de stationnement souterrain est accessible par l'avenue François Mitterrand, tous les jours et 24h/24. Parking de 700 places.
- En bus
Autoroutes A4 (Paris / Strasbourg) et A31 (Luxembourg / Lyon), sortie Metz Centre.
Un dépose minute groupe est disponible sur l’avenue François Mitterrand. Des places de parking réservées aux bus et autocars sont accessibles par l’avenue Louis Débonnaire.
- En train
Gare Metz-Ville : TER Grand Est. Trains directs : à 20 min de Thionville, à 20 min de Pont à Mousson, à 38 min de Nancy, à 40 min de Forbach, à 1h30 de Strasbourg, 1h40 de Longwy.TGV. Trains directs : à 1h20 de Paris, à 40 min de Luxembourg Ville, à 45 min de Strasbourg.
Gare Lorraine TGV (à 29 km de Metz, navettes à disposition) : Trains directs : à 2h de Lille Europe, à 4h de Rennes, à 4h de Nantes, à 5h de Bordeaux.
Chargement des avis...
Chargement des articles